Une visualisation de l'Assemblée Nationale - 2ème partie

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Origine des données

Suite a cette première recherche, je me suis attelé à l'analyse de toutes les législatures de la Vème République. Comme indiqué précédemment, les données se trouvant ici : http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/index.asp sont très sommaires et parfois malheureusement erronées. Un recoupement avec les données plus complètes des législatures 11 à 14 a permis certaines corrections. En raison des changements survenus durant une législature (décès, démissions à la suite d'affaires ou par souci de non-cumul, nomination à l'executif, etc), on trouvera ici non seulement les personnes élues le jour de l'élection mais aussi tous les suppléants ayant siégé.

Servez-vous: les données récupérées

 

Analyse d'ensemble

On trouve sur 14 législatures 3510 personnes uniques dont 1614 mandats uniques, soit 45% des hommes et 57% des femmes. Le record du nombre de mandats pour la Vème République est pour les hommes de 11 et pour les femmes de 6. Le record de longévité revient à Didier Julia, qui a passé 45 ans (sur 11 mandats) au Parlement, devançant de peu les 44 ans (sur 10 mandats) détenus par Jean-Pierre Soisson, Jean Tiberi et Valéry Giscard d'Estaing (qui a cependant fait une pause entre 1974 et 1981).

 

Analyse visuelle des âges

Le tableau ci-dessous montre la concentration des annees de naissance pour chaque législature de la Vème République, en distinguant les hommes (en vert) des femmes (en mauve). Les barres verticales orange aident à discerner ceux qui avaient plus ou moins de trente ans (orange clair) en début de législature, cinquante ans (orange moyen) et soixante-dix ans (orange foncé).

On observe ainsi rapidement :

  • la structure des âges est assez homogène : on n'a pas forcément de rajeunissement ou de vieillissement général. La différence de moyenne d'âge sera plutôt due a la domination d'une année de naissance sur plusieurs législatures successives (j'y reviendrai)
  • le plus vieux des députés de la 14ème législature est plus jeune que le plus jeune de la 1ère : on a en 2012 pour la première fois un renouvellement absolu des années de naissance du parlement
  • de même le doyen d'une législature n'est jamais né avant le doyen d'une législature précédente ; il arrive par contre (dans la 2ème, la 4ème et la 13ème) que la doyenne soit née avant la précédente doyenne

Il est possible également de comparer les législatures sur une même échelle d'âges. C'est joli mais on n'y apprend pas grand chose de plus, si ce n'est qu'il n'y a eu que 5 députées de moins de 45 ans jusqu'en 1978. Ces pionnières sont d'abord Rebiha Khebtani et Kheira Bouabsa (Algériennes du groupe "Unité de la République") puis Colette Privat, Claire Vergnaud et Gisèle Moreau (Parti Communiste). Il faudra attendre 1981 pour revoir une deputée en-dessous de 30 ans : Annette Chépy-Léger (Parti Socialiste) mais son élection est annulée 6 mois plus tard.

Si l'on compare séparément les hommes et les femmes, on peut plus clairement apprécier la domination de certaines années de naissance (évoquée dans l'analyse précédente).

Chez les hommes une domination des années 1920-25 de la première à la septième législature (donc sur la période 1958-86) puis des années 1945-50 depuis 1981. S'il s'agissait d'un cycle régulier et prédictible, on aurait vu en 2012 une émergence des années 1970-75, ce qui n'est pas du tout le cas.

Chez les femmes, la classe 1945-50 ne ressort qu'à partir de 2002 mais l'échantillon de calcul reste de toutes façons inférieur à 100 jusqu'en 2007. On remarque aussi que seules trois d'entre elles ont plus de 70 ans : Louise Moreau, Colette Le Moal et Cécile Gallez.

 

Analyse des dates de naissance

L'échantillon trois fois plus grand que lors de la recherche précédente égalise les résultats, il n'y a plus grand chose d'intéressant de ce côté-là. Notons quand même:

  • sur 13 personnes nées un 25 décembre (13 hommes), deux s'appellent Noël, comme un des 7 nés le 24.
  • les deux autres Noël de l'échantillon sont nés un 25 du mois (mai et juillet)
  • le jour de naissance le plus couru est (de loin) le 1er janvier ; en y regardant de plus près, 14 n'ont été élus que pendant la 1ère législature, dont 12 ont des prénoms / noms a consonnance maghrébine, étant pour la plupart élus des colonies.
  • le deuxième jour de naissance le plus populaire reste comme précédemment le 15 février

 

Analyse des décès en cours de mandat

De temps en temps un fait divers nous rappelle que les députés aussi peuvent mourir. S'informer sur ce sujet conduit en fait à découvrir une multitude d'anecdotes, comme le cas de Pierre Charié, qui se suicide le lendemain de sa réélection et dont le fils décèdera 36 ans plus tard en cours de mandat également.

Il y a eu 181 décès en cours de mandat à ce jour, soit en moyenne un tous les quatre mois :

  • le premier, celui de Barthélémy Boganda, survient  justement quatre mois après les premières élections législatives de la Vème République
  • Le plus jeune décès (à 33 ans) est celui de Laurent Vergès, "suivi" (de près en âge mais 10 ans avant) par Aymeric Simon-Lorière.
  • Jeannette Prin est la première femme à mourir, en 1970.

On observe des différences de rythme d'une législature à l'autre:

  • les 8ème (1986-1988), 2ème (1962-1967) et surtout 5ème (1973-1978) ont été les plus intenses avec un décès respectivement tous les 75, 60 et 45 jours (soit sur ces 5 années 39 morts ou 8 par an)
  • au contraire les 3ème (1967-1968), 9ème (1988-1993) et surtout 12ème (2002-2007) législatures ont été les plus calmes (de ce point de vue) avec un décès respectivement tous les 210, 240 et 255 jours (7, 8 et 8 mois et demi)

 

Quelques trouvailles isolées

  • Le doyen absolu de la Vème République aura été Félix Kir, né en 1876. Le plus vieux député en exercice est Marcel Dassault, né en 1892 et décédé en cours de mandat à 94 ans. Les deux sont du 22 janvier.
  • Le député ayant eu la vie la plus longue à ce jour est Antoine Pinay, mort à quelques jours de son 103ème anniversaire. Emile Dubuis pourrait cependant le dépasser d'ici deux ans.

 

Classé dans : pouvoir - Mots clés : aucun

Une visualisation de l'Assemblée Nationale

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Origine des données

Il est possible sur le site de l'Assemblée Nationale d'obtenir des tableaux détaillés (quoiqu'apparemment incomplets) des députés des législatures 11 à 14 de la Vème République, soit les années 1997-2017, en effectuant une "recherche multicritère" de la 11ème, de la 12ème, de la 13ème, de la 14ème. En raison des changements durant une législature (décès, démissions à la suite d'affaires ou par souci de non-cumul, nomination à l'executif, etc), les données récupérées ici ne représentent les 577 élus que pour la législature en cours et seulement 564 de la 11ème, 572 de la 12ème, 556 de la 13ème.

Un autre type de recherche est également possible sur cette page : http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/index.asp mais les données sont encore moins complètes. Il semble que le site Politiquemania ait une base de données plus complète, mais pas forcément d'accès libre.

On lira avec intérêt les articles suivants, qui semblent basés sur des données solides :

  • l'entretien de Fakir avec le politologue Patrick Lehingue ("Les employés – qui constituent près de 30 % de la population active – comptent pour 1,3 % des députés ! C’est pire encore pour les ouvriers : ils forment 25 % des actifs, mais seulement 0,5 % de l’Assemblée ! Et l’inverse pour les professions supérieures : 15 % du pays, mais 83 % des parlementaires – 96 % dans le groupe UMP ! Même chez les dirigeants du PC, aujourd’hui, on ne voit pas tellement de prolétaires. À sa tête, il y a un fils de sénateur, qui a fait une carrière – sans méchanceté, mais c’est le mot – d’apparatchik : il a dirigé le mouvement des étudiants du Parti, puis le journal du Parti, avant de gouverner le Parti lui-même.")
  • l'essai de Abel François & Emiliano Grossman, duquel l'analyse ci-dessous est humblement inspirée
  • enfin sur les candidats aux législatives de 2012 : une analyse des genres et des prénoms par Jean Véronis, ainsi qu'une analyse complémentaire par Baptiste Coulmont

Servez-vous: les données récupérées

 

Analyse d'ensemble

On trouve 1241 personnes uniques, dont une moitié de mandats uniques et 107 "habitués", élus les 4 fois. La répartition inégale des 618 mandats uniques est sans doute due en grande partie à la monolatéralisation des majorités de la 12ème et 13ème législature mais aussi au fait que c'est une analyse isolée, ne tenant pas compte des périodes avant (étaient-ils déjà élus avant 1997 ?) ni après (combien de nouveaux arrivants vont prendre racine ?)

  • 238 députés n'ont fait partie que de la 11ème
  • 94 députés - que de la 12ème
  • 60 députés - que de la 13ème
  • 226 députés ne font partie que de la 14ème

 

Analyse visuelle des âges

Un croisement rapide des années de naissance fait apparaître de manière assez nette un pic entre 1945 et 1950, au moins pour les législatures 11 à 13 :

 

Différencions maintenant les hommes (en bleu) des femmes (en vert), ce pic ne semble alors présent que chez les hommes :

 

Comparons maintenant ces données en pourcentage (de genre parmi une législature), et c'est un nouveau point de vue qui saute aux yeux : le pic de femmes commence quelques années après celui des hommes, mais il faut surtout relativiser car les pourcentages des plus anciennes législatures s'appuient sur des échantillons en-dessous de 100 députées (54 pour la 11ème, 76 pour la 12ème), beaucoup trop faibles pour être significatifs :

 

Observons maintenant la concentration des années de naissance par genre et par législature (le dernier tableau récapitule les "habitués"). Alors que les extrêmités rajeunissent de 5 à 10 ans à chaque intervalle (de 10, 8 puis 7 ans chez les plus âgés, de 6, 3 puis 11 ans chez les plus jeunes) , les trois premières législatures sont dominées par la classe 1945-1950. Malgré un certain renouvellement des députés, le pic d'âge mis en évidence plus haut est bien visible. La 14ème législature semble par contre plus (mieux ?) répartie, en particulier chez les femmes.

 

Analyse des dates de naissance

Une moyenne répartirait théoriquement la naissance de 3,39 députés sur chacun des 366 jours de l'année, la réalité est bien sûr différente :

  • 128 sont du mois de mai et seulement 78 de novembre
  • 63 sont nés un premier du mois, 25 seulement un 23

Plus en détail:

  • 10 sont nés un 3 janvier, un 2 février, un 16 mars, un 11 mai
  • 9 un premier septembre
  • 8 sont nés sur 5 jours différents
  • 7 x 9 jours
  • 6 x 28 jours
  • 5 x 54 jours
  • 4 x 70 jours
  • 3 x 57 jours
  • 2 x 78 jours
  • 1 x 42  jours, dont le 29 février
  • 18 jours sont ignorés (en particulier en novembre et le 23 du mois) : 7 janvier ; 13 février ; 3, 11, 26 avril ; 16 juillet ; 2 août ; 20, 23 septembre ; 5, 28 octobre ; 3, 17, 23, 27 novembre ; 5, 7, 22 décembre

Desfois aussi (souvent ?) deux députés sont nés le même jour de la même année :

  • 6 paires en janvier
  • 2 paires + 1 triplette (le 15, en 1946) en février
  • 4 paires en mars
  • 2 paires en avril
  • 7 paires en mai
  • 4 paires en juin
  • 8 paires en juillet (dont 2 x 2 paires le 15 et le 17)
  • 4 paires en août
  • 2 paires en septembre (toutes les 2 le 30)
  • 2 paires en octobre (toutes les 2 le 14)
  • 3 paires en novembre
  • 2 paires en décembre

 

Trouvailles inclassables

  • Christian Vanneste et Valérie Pécresse sont nés un 14 juillet
  • Marion Maréchal est née un 10 décembre (jour de célébration internationale de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, qui rappelle "que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme")
  • Noël Mamère est né un 25 décembre

 

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